Aux jours sombres succèdent éventuellement des jours plus heureux. Le Service des incendies célébra son centenaire la même année non pas en optant pour une cérémonie grandiose, mais en offrant aux citoyens un programme de festivités durant la belle saison avec le concours des autorités municipales, de l’Association des pompiers, de la Caisse d’économie des pompiers et d’une foule d’entreprises liées de près ou de loin à l’industrie du combat des incendies, dont plusieurs compagnies d’assurance. Beaucoup de chemin avait été parcouru depuis la création du Département du feu en 1863, alors que Montréal pouvait compter sur un service majoritairement anglophone de 30 pompiers permanents et d’une soixantaine de volontaires. Cent ans plus tard, le plus important service d’incendies du pays était plus que fier de sortir de l’ombre pour partager son héritage. Un service entièrement bilingue composé à 95 % de francophones, comptant 2543 hommes, 44 casernes et doté d’un budget annuel de près de 14 millions de dollars.
Pour inaugurer les festivités, on convia le 30 mai les quelque 850 pensionnaires du service, dont les doyens James Edward Cullen et Adrien Pilon, entrés dans la brigade en 1905 et 1903, à un grand banquet au restaurant en vogue Sambo, rue Sherbrooke. Le directeur Durette fut à l’occasion nommé « pompier de l’année ». Les pompiers se rendirent en pèlerinage à la chapelle Bonsecours le 6 juin, et le 18 eut lieu l’inauguration du Centre d’entraînement. Les véhicules les plus anciens et les plus récentes acquisitions du service apparurent dans le défilé de la Saint-Jean-Baptiste. De son côté, l’Association des pompiers ressuscita le populaire Festival des pompiers sur l’île Sainte-Hélène à la fin juillet. La fanfare des pompiers y alla d’une série de concerts dans les parcs publics et un bal populaire fut donné le 7 septembre au manège militaire de la rue Craig. L’aumônier des pompiers, le père Morin, contribua aussi d’une belle idée : une délégation de 41 pompiers montréalais partit en « tournée de bonne entente » chez les confrères de huit capitales européennes, un voyage de trois semaines, on crut bon de le souligner plusieurs fois, aux frais des congressistes eux-mêmes. On n’oublia pas non plus les pompiers morts en devoir alors qu’on rénova les monuments dédiés à leur mémoire aux cimetières de la montagne. À Noël, la messe de minuit célébrée au Centre de formation fut télédiffusée en direct. Elle constitua l’événement de clôture des célébrations du centenaire du Service des incendies.