Un acte de la province de Québec promulgué le 14 mars 1829 établit la Montreal Fire Society, la Société du feu de Montréal. Cette association composée de treize « habitans propriétaires de biens-fonds dans la dite Cité » choisis par les juges de paix se vit chargée de créer une réglementation régissant la conduite des officiers et des hommes lors des incendies. Selon cet acte, la Société « fixera pour chaque quartier où il y aura des pompes, un nombre de volontaires qui n’excédera pas celui de vingt pompe, lesquels seront appelés pompiers ». Être pompier à l’époque comportait plus d’obligations que d’avantages. Car, outre les exemptions d’usage – travailler sur les chemins, faire partie d’un jury ou de la milice (sauf en cas d’invasion) – « du jour qu’ils auront inscrit leurs noms dans la liste des pompiers volontaires; leurs services seront exigibles pendant une année, et dans tous les cas de négligence de leurs devoirs, ils encourront une amende de pas moins de cinq chelins courant, ni de plus de dix chelins courant par chaque contravention ». Pourtant, tous ces hommes « n’auront droit à aucun salaire ni récompense ». La Société forma ainsi une compagnie de 60 hommes commandée par un capitaine et deux lieutenants, tous devant se présenter à chaque incendie, de même que douze officiers de paix dont la tâche était d’assurer l’ordre et d’éviter les pillages. La Société du feu avait néanmoins le loisir de compenser les pompiers pour leurs efforts, car elle pouvait « assister du produit de ses fonds ceux de ses employés qui auront reçu quelques blessures, ou contacté quelque maladie à un incendie, et dans le cas où quelqu’un des dits employés périroit à aucun tel incendie, d’approprier à même ses fonds pour le soutien de sa famille telle somme, une fois pour tous ou à chaque année, qui lui paraîtra juste et raisonnable, comme aussi de récompenser en argent, médailles, ou autrement, telle qu’elle le trouvera juste et convenable, tous et tels individus qui à aucun incendie auront fait quelque action méritoire ». Ces fonds provenaient des sommes perçues pour le ramonage des cheminées, de même que d’une somme payée chaque année par les propriétaires, somme qui les exemptait de l’obligation de garder des seaux de toile cirée ou de cuir utilisés lors des incendies. La Société devait en contrepartie faire immédiatement l’achat de 152 seaux de cuir, de gaffes, bâches, cordages et autres outils de combat.
La Société du feu établit neuf compagnies de pompiers volontaires
La réglementation en sécurité incendie, qui évolue au fil du temps, permet de mettre en place des organisations mieux structurées et composées de plus d’effectifs. En 1833, la Société du feu établit neuf compagnies de pompiers volontaires à neuf endroits stratégiques dans la ville. Chaque compagnie a un uniforme distinct. Chacune d’entre elles dispose d’une pompe à bras dont le nom est aussi donné à la compagnie. Il y a ainsi l’Alliance, la St. Lawrence, la St. George, la Cataract, la Neptune, la Liliput, la Phoenix, la St. Joseph et la Montréal. Les citoyens philanthropes et les compagnies d’assurance, convaincus de la nécessité d’avoir un service des incendies bien organisé pour protéger leur famille et leur entreprise, sont les premiers à promouvoir la sécurité publique pendant plusieurs années.
Source : Le Feu Sacré. Une histoire des pompiers de Montréal. Éditions Stromboli, 2005.