Le premier bureau de prévention des incendies fut officiellement établi en 1912 sous la direction de l’inspecteur en chef Jean Naud. Installé dans son bureau situé au 3e étage de la caserne 20, M. Naud constituait à lui seul tout le personnel. L’amendement de la section 14 du règlement no 465 du 2 décembre 1912 autorisa les officiers du Département des incendies et autres officiers municipaux à entrer, en tout temps, dans divers type de bâtiments (ex. : institutions d’enseignement, hôtels, maisons) ou endroits où des substances explosives, des copeaux, des déchets ou autres objets, articles ou marchandises de nature à provoquer un incendie, sont placés ou gardés. L’amendement donna également droit aux officiers d’ordonner le remisage adéquat de ces matières dangereuses ou leur enlèvement aux frais de la personne qui refusait de se conformer à leurs ordres.
La surveillance ne visait pas que les édifices publics et les entreprises manufacturières. Les appareils de chauffage des résidences, et plus particulièrement ceux des maisons moins bien nanties de la classe ouvrière, étaient spécialement visés. Les feux de poêle et de fournaises étant la cause du plus grand nombre d’incendies.
C’est en 1914 que le Bureau de prévention des incendies est définitivement établi par une réorganisation effective du service d’inspection et la nomination de 37 inspecteurs en prévention recrutés parmi les pompiers.
La mise sur pied d’un bureau de prévention s’avéra un élément crucial dans la maîtrise des incendies. Depuis 1910, le nombre d’incendies était en constante recrudescence, atteignant un sommet de 2800. Dans un article paru dans La Presse, on y faisait état de statistiques couvrant la période se situant entre 1904 et 1924, soit dix ans avant et dix ans après le début des inspections régulières. Dès 1915, le nombre d’incendies chuta considérablement, passant de 2800 à environ 2000 en 1916. En 1924, il y eut 485 incendies de moins que lors de la mise sur pied du bureau en 1914, dans une ville qui comptait 200 000 habitants de plus. À noter que durant cette période, la population de Montréal passa de 325 000 à près de 650 000 habitants. Avec l’arrivée du schéma de couverture de risques, la prévention est une pierre angulaire du Service de sécurité incendie de Montréal.