Trois quadrilatères du quartier des affaires en fumée
Depuis la fondation du Département du feu en 1863, Montréal a connu peu d’incendies de grande envergure. Aux yeux de plusieurs, compagnies d’assurance en tête, le département manquait d’hommes et d’équipements. Le chef Zéphirin Benoît demandait l’ajout d’équipements et les assureurs en réclamaient tout autant. La combinaison de la chance et du savoir-faire des combattants du feu avait réussi à pallier le manque de ressources jusqu’à cette soirée du 23 janvier 1901. À 19 h 30, un incendie se déclara, rue Saint-Pierre, dans le magasin-entrepôt de fourrures Saxe et sons. Un événement qui changea à jamais le quartier des affaires.
À l’arrivée des premiers pompiers sur les lieux, le mur du bâtiment s’effondra sur la rue étroite et alluma plusieurs brasiers dans le quadrilatère situé de l’autre côté.
Rapidement, il y eut plus de fronts d’incendie que les pompiers ne pouvaient en contenir. Toutes les casernes de la Ville répondirent aux alarmes subséquentes. Les flammes gagnèrent du terrain et se propagèrent vers le sud et vers l’est, dévorant un ensemble d’entrepôts. L’édifice Nelson s’effondra du côté nord et les débris enflammés traversèrent la rue Lemoyne pour toucher l’arrière de l’édifice de six étages du Board of Trade.
Le capitaine Gordon, un des premiers arrivés sur les lieux, avait rapidement compris le danger qui menaçait le Board of Trade.
Lorsqu’il voulut y positionner des hommes, il se fit refuser l’accès par la personne en charge de l’édifice qui lui mentionna que le bâtiment était à l’épreuve du feu et qu’il y avait des boyaux à tous les étages. En un clin d’œil, cet édifice devint une masse enflammée. À minuit, trois quadrilatères du quartier des affaires avaient disparu.
Alertés par l’immense lueur qui éclairait le ciel, les gens accouraient et s’étaient massés pour assister au spectacle. Selon le sous-chef Jackson, la difficulté la plus irritante fut la foule colossale qui se pressait dans les rues, générant de grandes difficultés lors de l’intervention.
On raconta que des débris enflammés volèrent jusqu’au flanc du Mont-Royal. Heureusement, l’épaisse couche de neige empêcha la conflagration de se propager au-delà du Vieux Montréal. À la suite de cet incendie, le chef Benoît obtint de nouveaux équipements et davantage de pompiers.