Voici l’emplacement de l’une des pires tragédies de l'histoire de Montréal. Et l’événement fut d’autant plus tragique qu’il aurait pu être banal. L’incendie du Laurier Palace fut maîtrisé en moins d’une demi-heure sans grande difficulté. Mais, ce 9 janvier 1927, lors d’une séance de cinéma du dimanche après-midi, 77 enfants âgés de 5 à 18 ans perdirent la vie à cause de la panique, de la fumée et de la configuration des lieux. Cette journée-là, quelque 800 personnes passèrent le guichet. 500 d’entre elles s’installèrent au rez-de-chaussée, les 300 autres, presque tous des enfants, gagnèrent le balcon par l’escalier est. Le spectacle débuta vers 13 h. À 13 h 35, on aperçut à travers le faisceau du projecteur un filet de fumée qui s’échappait d’une trappe d’aération du plancher, au centre, à l’avant du balcon. On supposa qu’une cigarette mal éteinte y avait été jetée. On se mit bientôt à crier au feu. Au balcon, deux placiers tentèrent sans succès d’éteindre avec des extincteurs les flammes qui jaillissaient maintenant de la trappe. Étrangement, les employés du théâtre et les quelques adultes présents ne furent d’aucun secours pour les enfants. Au rez-de-chaussée, les spectateurs évacuèrent les lieux par les portes arrières et par la porte du hall. Il en alla autrement pour ceux qui avaient trouvé place au balcon. Une fois ouverte, l’une des portes du hall bloqua la porte au bas de l’escalier du balcon du côté est. La cage d’escalier ne mesurait que 3 pieds 9 pouces de largeur et était constituée de trois sections divisées par deux paliers. Les premiers enfants qui la dévalèrent trébuchèrent dans la deuxième section. Pris de panique, ils s’empilèrent en un rien de temps les uns sur les autres, jusqu’au plafond. Les secours arrivèrent rapidement, car la caserne 13 et le poste de police 11 étaient situés de biais, de l’autre côté de la rue, au même emplacement que la caserne actuelle. Les pompiers découvrirent avec horreur l’enchevêtrement de petits corps empilés dans la cage d’escalier. Impossible d’en extirper quiconque, si ce n’est que quelques-uns sur le dessus. Les pompiers durent défoncer la cloison de l’escalier pour parvenir à libérer les enfants. Mais il était trop tard pour la plupart d’entre eux et, bientôt, on aligna leurs cadavres sur le trottoir et à la caserne. Les 77 enfants périrent soit par asphyxie, soit par compression thoracique. Un 78e enfant succomba à ses brûlures quelques jours plus tard. Le pompier Elphéda Arpin était en poste à la caserne 13 au moment de l’alerte. Il retrouva parmi les victimes le corps de son fils Gaston, âgé de six ans. Le constable Albert Boisseau, lui, retrouva un de ses enfants mort sur les lieux du sinistre et se rendit à la morgue pour en identifier deux autres.
Aujourd'hui, une plaque commémorative est apposée sur l'édifice qui a remplacé le théâtre.